La surprenante mais efficace stratégie d’Emmanuel Macron

La surprenante mais efficace stratégie d’Emmanuel Macron

Didier BERTIN - 13 JUILLET 2024

Alerte lors des élections européennes : Il fallait réagir en urgence.

L’extrême droite anti-Républicaine, composée du RN et de son allié Reconquête (Éric Zemmour et Marion Maréchal) a réuni 36.84% des voix auxquelles il faut ajouter les 9.89% de LFI (extrême gauche) clairement antisémite. Les partis que nous appellerons « antirépublicains » ont ainsi rassemblé 46.73% des voix des électeurs français mettant à notre avis, en danger les fondements démocratiques de la France. Ce résultat a même été amplifié au niveau du nombre de députés européens en résultant. Ainsi sur 81 députés européens français l’extrême droite et LFI ont obtenu 44 députés soit 54.43% des députés européens français. On doit noter que l’extrême droite française avec 35 députés est plus importante que le parti de droite allemand CDU/CSU (29 députés). On doit malheureusement aussi souligner le très large succès de Reconquête parmi les français résidant en Israël et qui semblent oublier la grande indulgence que porte Éric Zemmour à l’action antijuive du Maréchal Pétain durant la seconde guerre mondiale. Ce vote en Israël semble bien refléter de l’immaturité de nombreux électeurs locaux qui ont mené à la coalition actuelle de droite et d’extrême droite.

La tendance en France pouvait être annonciatrice du succès de Marine Le Pen lors de prochaines élections présidentielles et d’une majorité absolue d’extrême droite à l’Assemblée Nationale.

En réalité ce vote n’a pas été un vote d’adhésion mais un vote de protestation comme l’ont montré les élections législatives nationales qui ont suivi. Le vote aux élections européennes perçu comme étant loin de la vie quotidienne, a été utilisé pour faire valoir des sujets de mécontentements à l’égard de la politique migratoire, sécuritaire et sociale du gouvernement actuel.

Les électeurs veulent que des correctifs soient apportés qui vont, à l’exception du pouvoir d’achat, en sens inverse de la stratégie électorale de LFI visant notamment à attirer le vote des français musulmans. Le drapeau le plus vu lors de leurs manifestations a été celui de la Palestine accompagné du slogan « de la rivière à la mer » (appelant ainsi au génocide de tous les israéliens) et des mains rouges en référence au sang de deux soldats israéliens après leur assassinat par la foule lors de leur incarcération en Cisjordanie.

Plutôt que de laisser croître cette tendance détestable fondée sur « le caractère équivoque d’un vote protestataire » qui pouvait être pris pour un vote d’adhésion, il était urgent de redonner la voix au Partis Démocratiques et Républicains par la dissolution « immédiate » et la réélection de l’Assemblée Nationale en France.

Les élections à l’Assemblée Nationale

Le vote à l’Assemblée Nationale est considéré avec beaucoup plus de sérieux que les élections européennes dont le lien avec la politique nationale est mal perçu et mal conçu dans l’esprit de beaucoup d’électeurs et cela a été catastrophique pour le Royaume Uni avec le Brexit. Par ailleurs en France cette élection est tempérée par son aspect local. Ce vote n’est pas proportionnel sur la base de listes comme en Israël mais par circonscription. Chaque élu est ainsi responsable face à la population de sa circonscription tant sur le plan local que national.

L’assemblée Nationale comporte 577 sièges et 289 sont nécessaires pour constituer une majorité absolue.

L’extrême droite n’a obtenu que 143 députés soit (143/577) 24.78% des sièges, ce qui est très loin des 43.20% de députés européens français d’extrême droite (35/81), tandis que le pourcentage de députés de LFI a été stabilisé par rapport à celui des élections européennes (71/577).

La voix a été largement rendue aux députés Républicains et Démocrates lors de ces élections, ce qui est le plus important. Aucun d’entre eux n’a obtenu une majorité absolue et ils doivent former une coalition ou une association entre Partis démocratiques et républicains pour pouvoir gouverner comme c’est le cas dans la plupart des pays européens. Ces partis n’auront pas à s’associer à des partis extrémistes comme c’est le cas en Israël. La formation d’une coalition est inhabituelle en France sous la Ve République mais les partis démocratiques et républicains ont le devoir de s’y soumettre à l’égard des citoyens français sous peine d’affecter la démocratie.

Parmi les partis républicains et démocratiques on peut citer :

Le Parti socialiste : 64 sièges

Les écologistes : 33 sièges

Ensemble (Emmanuel Macron) : 163 sièges

DR (Droite Républicaine ex LR) et alliés : 66 sièges

Ces partis regroupent donc 326 députés aptes à former un gouvernement par coalition ou par association sur chacune des prochaines lois à voter et « tous sont favorables à l’Union Européenne », ce qui n’est pas vraiment le cas des extrémistes. Ces députés représentent 37 voix de plus que la majorité absolue ce qui laisse une large flexibilité.

Il est à noter qu’en dehors de l’extrême droite et de LFI, il reste en fait 363 députés sur 577.

Les décisions dépendront beaucoup plus du corps législatif que par le passé comme c’est le cas dans les autres pays européens. Le Président est le chef des armées et détenteur de l’initiative du feu nucléaire ; il a des prérogatives en ce qui concerne la politique internationale, et nomme le premier Ministre. Son rôle dans la politique interne, sans majorité absolue, devra être plus consensuel que par le passé.