LETTRE AU PREMIER MINISTRE FRANCOIS BAYROU

LETTRE AU PREMIER MINISTRE 

 23 JANVIER 2025

Monsieur le Premier Ministre,

J’ai été économiste, longtemps membre du PS et je suis aujourd’hui retraité depuis plusieurs années. Je me permets avec respect de vous faire part de mon émoi à l’égard des attaques incessantes de la part des médias et notamment des journalistes prétendument spécialisés, « contre les retraités ». Cela donne l’impression d’une ère sauvagerie dans laquelle les personnes vulnérables et âgées deviennent les proies d’autres personnes sans principes moraux et souvent privilégiées ; ils refusent de voir les problèmes en face en raison sans doute d’un conservatisme figé. Je crains que nombre de retraités réagissent à ces agressions en changeant leur vote pour un parti extrémiste qui prétendrait, « sans en avoir la compétence », garantir leur niveau de vie. Il serait catastrophique qu’un tel parti devienne dans un futur proche à la fois maitre de l’exécutif et du parlement. Le système des retraites est probablement à changer pour les nouvelles générations mais certainement pas pour les retraités actuels qui ont quitté leur emploi dans le cadre d’un système garantissant la dernière partie de leur vie selon des conditions contractuelles.

Par ailleurs le problème des futures retraites comme celui des salariés est posé en termes révolus qui mettent de côté la robotisation croissante qui affecte les cols bleus et le développement intense de l’Intelligence Artificielle (IA) qui va mettre hors du marché de l’emploi de très nombreux cols blancs.  La production et la création de richesses ne dépendent plus de la démographie mais de la capacité de nos entreprises à intégrer la robotisation augmentée par l’IA et l’IA pour produire plus et moins cher. Ceci permettra de développer leurs ventes sur le marché intérieur et international tout en réduisant nos importations. 

Ces nouvelles techniques et procédés sont le produit de la création humaine et les richesses qui en résultent, devraient, dans le cadre d’une République solidaire, être équitablement partagées entre les citoyens qui seront de moins en moins nécessaires à l’économie.  Cette nouvelle ère entraine de nouveaux critères économiques. La richesse issue de ces procédés pourrait être une source très substantielle du futur financement des retraites, des salaires et allocations face à la chute du besoin des entreprise en nombre de salariés. Ce rejet des salariés hors des entreprises a déjà été largement illustré par celui des séniors.

Le principal défi n’est donc pas celui des retraités mais celui des entreprises à savoir intégrer ces nouveaux procédés (robotisation augmentée par l’IA et l’IA) pour baisser le coût de la production et augmenter les ventes « en apprenant aussi à mieux vendre ». Les Etats-majors de nos grandes entreprises doivent avoir la capacité intellectuelle d’intégrer ces nouveaux procédés de production « dans un esprit solidaire à l’égard de tous les citoyens ».

Ce moindre besoin en nombre de salariés est une donnée que devrait intégrer les ministères des finances et l’éducation nationale, car il ne doit pas être vu comme une catastrophe mais positivement comme la résultante du progrès. Les Etats-Unis sont les grands leaders de l’IA mais manquent d’esprit de solidarité pour partager ce progrès avec le plus grand nombre et cela au profit d’oligarchies.

Je vous prie d’agréer, monsieur le premier Ministre, l’expression de ma considération respectueuse.

Didier BERTIN